Le M.A.R.T.Re a 25 ans

Publié le par Le Ternois de service

 Pierre Morval

Président fondateur de l'association, Pierre Morval reste ancré dans le " Mouvement"

 

Dans le cours tranquille de la vie quotidienne, certains acteurs forcent d'autant plus le respect que leur engagement se mesure dans la durée.

Le MARTRe, entendez par là Mouvement Artistique de Tergnier et de sa Région, est du lot.

En cette fin mai, il exposait dans les locaux du foyer Henri Pruvost de Fargniers les oeuvres de ses adhérents. Deux cents œuvres au total, réalisées par une trentaine de ses trente-cinq adhérents.

Les chiffres n'ont pas de quoi donner le tournis. Ce qu'ils traduisent en revanche, révèle un ancrage profond dans le tissu local et, au delà, un vrai mouvement de fond discret mais durable.

Le terme «  Mouvement », pour le coup, n'est pas usurpé. Le MARTRe est bien parti de «  la base » des artistes amateurs du cru. Rien à voir avec une quelconque initiative institutionnelle en quête d'audience semblable à ces bouchons que l'on lance dans l'espoir de voir quelqu’un les ramasser.

« Nous n'étions qu'une poignée » se souvient son président fondateur Pierre Morval. Une « poignée » qui, outre lui-même comprenait Jean-Claude Langlet, Mme Lacaze, M. et Mme Bonicoli ou encore Paul Petit, un artiste vouellois dont les œuvres faisaient le bonheur de certaines galeries parisiennes. « Nous voulions pouvoir nous réunir et échanger régulièrement hors du cadre ponctuel de quelques évènements locaux » précise Pierre Morval.

Jusqu'à ce que cette poignée s'unissent comme les doigts de la main, les artistes amateurs du Ternois ne disposaient d'aucune structure associative susceptible de les fédérer.

Jusque là, le parcours du MARTRe ressemble en tout point à celui de n'importe quelle autre association. Sa singularité, elle la puise dans le contexte de sa création.

 

La reconnaissance

 

En 1986, Tergnier est une des villes du département les plus précocement frappées par la désindustrialisation. Elle vient de perdre sa fonderie et le secteur de la bonneterie jadis florissant déverse à gros flots sa main d'oeuvre féminine dépourvue de formation. Autant dire que les préoccupations quotidiennes ne portent pas sur les loisirs et encore moins sur l'art. Bon nombre des conférences qu'animera Jean-Claude Langlet pour tenter de « démocratiser » la culture de l'art ne trouveront d'ailleurs que des auditoires restreints. En la matière, le MARTRE a tout à faire et tout à prouver des vertus salvatrices de l'expression artistique et du lien social en période de crise.

Vingt-cinq ans plus tard, Béatrice Frérot qui succède à la présidence à Pierre Morval, n'a rien changé de cette ligne de conduite : « Nous accueillons tous les profils d'adhérents. Mêmes les gens qui ne savent pas dessiner viennent parce qu'ils en ont envie ; une envie de se réaliser dans quelque chose. Tous ne sont pas forcément des passionnés mais tous ont mûri leur démarche ; on ne se met pas à peindre comme on décide de se faire un thé !  On vient, on découvre, on apprend ; c'est généralement après que l'on se passionne.»

Comment gère-t-on, dans la durée des artistes amateurs aux profils très divers avec les moyens d'une structure bénévole ? «Certains évoluent au sein du MARTRe depuis un quart de siècle ; d'autre depuis un an ; les échanges se font naturellement sur des thèmes, sur des techniques. Nous sommes là pour aider, pour conseiller mais les petits groupes se forment naturellement au sein des ateliers car ces échanges sont des moments de plaisir et nous veillons à ce qu'ils le restent. Si nous commencions à imposer notre façon de voir, où serait l'intérêt... » Toujours l'esprit du «  Mouvement » mais vingt-cinq ans après ses premiers frémissements, il ne se pose plus de question de légitimité quant à sa place dans la hiérarchie des priorités quotidiennes. Il y a tellement longtemps que le milieu du travail met un couvercle sur l'épanouissement des individus que ce qui passait hier pour un luxe s'impose aujourd'hui comme une première nécessité...

 

 Beatrice Frerot

 

Bétarice Frérot: " Si nous commencions à imposer, où serait l'intérêt?"

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