Mai 68 à Tergnier (4 et fin): le film des évènements

Publié le par Le Ternois de service

Meeting 1500

24 mai 1968: 1500 manifestants dans le parc Sellier, annonce Gilbert Thuet dans l'Aisne Nouvelle.

 

Entre l’aspiration générale à l’évolution des structures de la société et la grève générale, il y eut le quartier latin. Les premiers heurts violents entre étudiants et policiers éclatent le 3 mai ; puis c’est l’escalade dans un climat de véritable guerre civile.  "Massacres au quartier latin" titre le quotidien Combat dans son édition du 7 mai. Tandis que l’Humanité met en cause la responsabilité du gouvernement, Minute fustige «  les enragés rouges ».

La contestation étudiante débouche sur une confrontation nationale. Devant les « réponses sanglantes » opposées par le Pouvoir aux étudiants, le Parti Communiste «  appelle les travailleurs et le peuple de France à une riposte massive » titre l’Humanité le 11 mai.

Cette riposte a lieu le 13 mai, à l’appel conjoint de la FEN et de l’UNEF mais aussi de la CGT, de FO et de la CFDT. Mai 68 est sur ses rails et tandis que la contestation s’étend des facultés aux lycées de la région parisienne, toutes les villes de France ou presque connaissent leur premier mouvement de grève, leur premier défilé ou leur premier meeting ce fameux 13 mai.

A Tergnier, le parc Sellier accueille 1500 personnes, annonce l’Aisne Nouvelle. « Cette manifestation était placée sous le signe de la solidarité contre la répression, pour une réforme démocratique de l’enseignement, pour l’emploi et le droit au travail » rappelle notre prédécesseur Gilbert Thuet.

Mai 68 aurait pu en rester là si tous ses protagonistes s’étaient entendus mais la fièvre contestataire gagna dans les jours suivant tous les secteurs de l’économie.

Dès le 20 mai, la SNCF à Tergnier est paralysée et le personnel municipal occupe la mairie.

S’y ajouteront dans les heures suivantes les ALB à Beautor, la Fonderie, la Bonneterie, la manufacture ternoise de confection. Les établissements Harlet ( confection) sont également touchés, ainsi que la Raffinerie, contrainte de suspendre le travail en raison du déficit d’alimentation électrique.

Au sein de la mairie, la situation rentrera néanmoins très vite dans l’ordre tandis que le conseil municipal réuni en séance extraordinaire le 22 mai, se déclare solidaire des grévistes.

Les commerçants entrent alors dans la danse. C’est l’épisode des vitrines descendues qui ouvre localement un nouveau chapitre du mouvement avec la mise en place d’un service de garde par les manifestants.

Alors que de Gaulle promet de «  faire changer partout où il le faut, des structures étroites et périmées » s’il en obtient le mandat par voie référendaire, la mobilisation se poursuit. Le 24 mai, le parc Sellier accueille un nouveau meeting dans lequel se glisseront également des employés de chez Maguin à Charmes.

C’est à ce moment que les dissensions les plus sérieuses se manifestent entre la base et les états majors syndicaux négociateurs d’un protocole d’accord avec le gouvernement. «  Les syndicats continuent de tenir les travailleurs au courant des négociations en cours ; ils leur demandent de rester vigilants et unis et de ne répondre qu’aux mots d’ordre qui leur sont donnés par les syndicats, unis dans le même mouvement » rapporte Gilbert Thuet le 28 mai.

Un vent de débordement souffle mais la grève elle-même est de plus en plus difficile à vivre. Un petit billet encadré paru dans l’Aisne Nouvelle du 30 mai en atteste. Il y est stipulé que «  les médecins de Tergnier informent leurs clients en difficulté pécuniaires du fait de la situation actuelle,, qu’ils peuvent recourir à eux normalement et qu’ils sauront montrer toute la compréhension nécessaire ». «  Les pharmaciens feront preuve également d’une grande compréhension pour la délivrance des médicaments » y est-il précisé. Ultime marque tangible de rapprochement des classes sociales en une masse sensible aux mêmes évolutions tandis qu’apparaissaient deux jours plus tard, le 1 er juin, les premiers signes de reprise du travail. En tout cas en France car à Tergnier, il faudra attendre le 6 juin pour que la SNCF retrouve progressivement son activité.

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24 mai 1968: les manifestants en provenance de Maguin à Charmes rejoignent le parc Sellier.

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